Christiane Taubira va publier « Murmures pour la jeunesse », un livre contre la déchéance de nationalité
POLITIQUE – Accueillie en star par les étudiants de l’université de New York vendredi, Christiane Taubira avait assuré qu’elle resterait « loyale » à François Hollande. Selon France 2, l’ancienne garde des Sceaux ne va cependant pas se priver pour affirmer son antagonisme vis à vis de la déchéance de nationalité.
Christiane Taubira va en effet publier la première semaine de février un essai aux Éditions Philippe Rey pour faire pleinement part de son désaccord avec ce projet de l’exécutif qui a d’ailleurs motivé son départ du gouvernement, rapporte la chaîne de télévision.
« Céder à la coulée d’angoisse et se laisser entraîner, au lieu d’endiguer, signe la fin du Politique et de la politique. Le glas. Plus fatal que l’hallali », y écrit l’ancienne ministre appelant aussi comprendre et étudier ce qui amène de jeunes Français à tomber dans le terrorisme.
« Oui, il faut comprendre pour anticiper et aussi pour ramener du sens au monde. Que les cris des tyranneaux de la pensée cessent de tétaniser nos esprits. Sinon, par omission, nous aurons laissé s’installer de nouvelles frustrations grosses d’exaltations macabres, nous aurons arrosé le terreau où poussent ces contentieux passionnels… », retranscrit le site FTVI.
Cet essai de 94 pages, intitulé Murmures à la jeunesse, paraîtra alors que le projet de loi constitutionnelle, dans lequel est inscrit la déchéance de nationalité, doit être débattu à partir de vendredi à l’Assemblée nationale pour un vote attendu le 10 février. Huffingtonpost.
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INFO FRANCE 2. Christiane Taubira publie un livre-réquisitoire contre la déchéance de nationalité, intitulé « Murmures pour la jeunesse »
L’ouvrage a été écrit dans le plus grand secret.
C’est un livre écrit dans le plus grand secret. Christiane Taubira, qui a démissionné du gouvernement mardi 26 janvier, sort dans la semaine un essai intitulé Murmures à la jeunesse (Editions Philippe Rey). Quelques jours à peine après son coup d’éclat. Le thème de cet ouvrage résonne évidemment avec les raisons avancées pour expliquer son départ : il s’agit d’un long et flamboyant réquisitoire contre la déchéance de nationalité. L’ancienne Garde des Sceaux y écrit notamment : « Céder à la coulée d’angoisse et se laisser entraîner, au lieu d’endiguer, signe la fin du Politique et de la politique. Le glas. Plus fatal que l’hallali. »
Christiane Taubira y affirme aussi la nécessité de comprendre comment de jeunes Français peuvent basculer dans le terrorisme. « Oui, écrit-elle, il faut comprendre pour anticiper et aussi pour ramener du sens au monde. Que les cris des tyranneaux de la pensée cessent de tétaniser nos esprits. Sinon, par omission, nous aurons laissé s’installer de nouvelles frustrations grosses d’exaltations macabres, nous aurons arrosé le terreau où poussent ces contentieux passionnels… ». Un autre ministre, Emmanuel Macron, pas exactement du même bord que Christiane Taubira, avait lui aussi parlé de « terreau » sur lequel le djihadisme pouvait prospérer, s’attirant les foudres de Manuel Valls pour qui « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. »
« Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience »
Christiane Taubira fait aussi part de son inquiétude de modifier la Constitution alors que le Front National s’approche un peu plus à chaque élection du pouvoir. « Il est des choses trop inflammables pour s’en approcher sans méfiance avec deux silex à la main, écrit-elle. L’un des silex est cette déchéance de nationalité visant des Français de naissance binationaux, l’autre est la triste et possible capacité pour la cheffe d’un juteux négoce familial d’accéder au pouvoir suprême. »
Nul doute que Christiane Taubira, à travers ces 94 pages, va de nouveau alimenter le débat médiatique… et les débats à l’Assemblée nationale, qui entame vendredi l’examen de la réforme constitutionnelle où sera inscrite la déchéance de nationalité.
Ce livre est aussi celui dans lequel Christiane Taubira exprime ses doutes et ses interrogations sur sa place au gouvernement. Tout au long du mois de janvier, elle a consulté des personnalités de gauche, notamment Anne Hidalgo et Pierre Joxe. Visiblement, au moment d’écrire ces pages, la Garde des sceaux n’avait pas encore tranché sur son maintien ou non au sein du gouvernement. « Je ne suis sûre de rien, écrit-elle. Le tourment m’habitera jusqu’à la tombe. L’inquiétude. L’intranquillité. Peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose. Peut-être serait-il plus raisonnable d’être raisonnable et de laisser passer. En convenir. S’en accomoder. Ne pas ajouter au trouble. (…) Ne vaut-il pas mieux alors un cri et une crise plutôt qu’un long et lent étiolement? Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience. »
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Retour sur le discours de Christiane Taubira sur le mariage pour tous
Il avait une vocation historique. Et le discours de Christiane Taubirainaugurant le débat sur le projet de loi d’ouverture du mariage aux couples de même sexe, le 29 janvier 2013 à l’Assemblée nationale, n’aura laissé personne indifférent.
Alternant la posture de professeur d’histoire et celle d’oratrice passionnée, pendant 30 minutes et sans regarder ses notes, Christiane Taubira venait de lancer un long débat qui a divisé la France pendant des mois.
Christiane Taubira avait rappelé d’abord l’historique du mariage civil depuis 1791 comme un long chemin vers l’égalité, en premier lieu des femmes, à travers le divorce par consentement mutuel ou encore le droit d’ouvrir un compte en banque. « Aujourd’hui, nous parachevons l’égalité », estimait-elle.
« Que l’on nous explique pourquoi deux personnes qui se sont aimées, qui ont vieilli ensemble, devraient consentir à la précarité! », avait-elle harangué sous les sifflets de la droite.
« Qu’est-ce que le mariage homosexuel va enlever aux couples hétérosexuels? », lançait-elle. « Rien! », lui répondirent les bancs de la gauche.
La ministre avait rejeté frontalement l’argument de l’opposition selon lequel la loi ouvrirait « un droit à l’enfant » : « Vos objections n’ont pas de fondement sauf une réelle difficulté à inclure dans vos représentations la légitimité des couples de même sexe. Mais vos enfants et vos petits-enfants les incluent déjà et vous serez bien mal à l’aise lorsqu’ils viendront voir les comptes rendus de vos débats. »
Pour conclure, elle avait cité un poète guyanais qu’elle aime déclamer:
« Nous sommes fiers de ce que nous faisons. Nous en sommes si fiers que je voudrais le définir par les mots du poète Léon-Gontran Damas: ‘l’acte que nous allons accomplir est beau comme une rose dont la Tour Eiffel assiégée à l’aube voit s’épanouir enfin les pétales. Il est grand comme un besoin de changer d’air’. »
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Cotta : Christiane Taubira la combattante
Michèle Cotta a regardé « Des paroles et des actes » hier soir. Rien de révolutionnaire sur le fond, mais la confirmation qu’une star est née : Christiane Taubira.
PAR MICHÈLE COTTA
Être au coeur d’une polémique incessante depuis 2012 ne lui fait ni chaud ni froid. Et, à tout prendre, elle préfère susciter l’irritation que l’indifférence. Elle est comme cela,Christiane Taubira, devenue, en un an – après qu’on l’a vue se battre en faveur du mariage gay devant un hémicycle électrisé -, une superstar de la politique. Elle n’est pas née d’hier, certes, et marque son territoire depuis des années. Ce n’est qu’aujourd’hui pourtant qu’elle est devenue l’ennemie n° 1 de la droite, dans le même temps où, à l’université d’été du PS à la Rochelle, elle est tombée spectaculairement dans les bras de Martine Aubry tandis qu’à l’applaudimètre, elle devançait largement le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Son invitation à l’émission politique de France 2Des paroles et des actes ne tombe pas par hasard : le dernier invité, avant la pause de l’été, était François Fillon. C’est dire que Christiane Taubira entre désormais dans le cercle restreint des invités de premier plan, jugés capables d’attirer le maximum des auditeurs de l’émission politique la plus en vue de la télévision publique.
Elle est tout sauf une figure consensuelle
Rassembler : le mot n’est sans doute pas bien choisi pour évoquer Christiane Taubira. Elle est tout sauf une figure consensuelle. On peut la considérer, même, comme particulièrement clivante. Elle a des convictions bien établies sur beaucoup de choses, et depuis longtemps. Elle a été, dans une vie précédente, avant 1981, militante indépendantiste de la Guyane, ce qui n’était pas une attitude majoritaire dans ce pays français d’outre-mer. Depuis, elle a été candidate aux élections européennes en 1994. Pour le compte du PS, déjà ? Non, c’est sur la liste des radicaux de gauche, alors conduite par Bernard Tapie pour tailler des croupières au candidat socialiste Michel Rocard. Elle a même été candidate à l’élection présidentielle de 2002, contribuant ainsi à la défaite de Lionel Jospin, auquel elle enleva les 2,3 % des suffrages qui ont fait défaut au premier tour au Premier ministre socialiste et l’ont empêché d’être présent au second.
Pourquoi, alors, est-ce elle que François Hollande a appelée, pendant sa campagne présidentielle, pour le représenter outre-mer ; pourquoi l’avoir choisie, après son élection à l’Élysée, pour la Place Vendôme, où la nomination de tant d’autres ministres – Martine Aubry, Bertrand Delanoë – avait été annoncée ? D’abord parce qu’elle partageait sur la justice une partie, sinon la totalité, des convictions du candidat socialiste telles qu’il les avait exprimées dans son discours devant le fameux club Droit, justice et sécurité en février 2012. Elle avait même, a-t-elle raconté, passé des mois à le faire lire et relire outre-mer. Sa nomination, inattendue, a été la surprise du gouvernement Ayrault de juin 2012.
Elle s’est révélée une combattante née
Savait-on qu’elle avait dompté, comme elle l’a laissé entendre dans le livre-récit de ses batailles politiques paru en 2012, Mes météorites, les mauvais esprits de la forêt guyanaise ? Connaissait-on alors son éloquence torrentueuse, sa combativité farouche, son maniement raffiné de la langue française et son incoercible lyrisme, tout ce dont elle a fait preuve hier devant Christian Estrosi, David Pujadas ou même Franz-Olivier Giesbert ? Quelques-uns, sans doute, parmi lesquels Bernard Tapie, le premier à l’avoir choisie pour figurer sur sa liste européenne, ou Jean-Marc Ayrault qui l’aida, alors qu’elle était députée de Guyane, et lui seulement député-maire de Nantes, à porter la loi de 2001 qui a fait de la traite et de l’esclavage un crime contre l’humanité. Pour l’ensemble de la classe politique, elle était jusqu’à l’année dernière une députée parmi d’autres, femme et noire de surcroît.
Elle s’est révélée une combattante née, on l’a vu tout au long du débat sur le mariage gay, une « tueuse » selon ses ennemis, et aussi certains de ses amis. Elle a été fidèle à son personnage hier soir, ne laissant rien passer, luttant pied à pied contre ceux qui lui faisaient le reproche de penser plus aux délinquants qu’à leurs victimes, ou de vouloir davantage vider les prisons que les remplir. Et s’opposant frontalement au maire de Nice, qui a lancé depuis de longues semaines une pétition : « Stop à Taubira ».
Donc, elle était là jeudi soir, et bien là. Attachée à défendre ce qui lui tient à coeur depuis longtemps, même si elle sait , elle n’est pas sourde, que l’opposition l’accuse de laxisme, et plus encore d’angélisme. À l’origine de la politique qu’elle a choisi d’incarner, sa conviction, partagée par une partie de la gauche, et vilipendée par toute l’opposition, que le système carcéral français, avec ses prisons surpeuplées, n’interdit pas la récidive, et, dans certains cas, va jusqu’à la provoquer. Que les peines planchers, instituées par Nicolas Sarkozy pendant son quinquennat, sont à la fois contraires à la personnalisation des peines, nocives pour le surpeuplement des prisons et sans effet sur la récidive.
Elle ne cherche pas le consensus
Bref, il a suffi de quelques mois et d’une réforme pénale pour que Christiane Taubira incarne à elle seule l’utopie de la gauche au sujet de la possible rédemption des délinquants, Pour l’imposer dans la réforme qu’elle porte, elle a été insensible aux arguments de Manuel Valls, et sans doute, derrière les sourires, s’est-elle battue contre lui farouchement – on reproche à son cabinet d’être à la source des fuites sur l’immigration et le regroupement familial lors du séminaire gouvernemental de rentrée. Le résultat est que, même si le texte tel qu’il est sorti du conseil des ministres insiste, conformément à la volonté du ministre de l’Intérieur, sur la fermeté vis-à-vis des éventuels récidivistes, il reprend essentiellement la « contrainte pénale » défendue par la garde des Sceaux. Une peine effectuée à l’extérieur du monde carcéral pour certaines catégories de délinquants.
C’est sur cette contrainte pénale qu’a porté, pendant de longues minutes, l’essentiel de l’émission. Même si cette peine est prévue, et exécutée dans d’autres pays, comme l’Allemagne, les pays scandinaves ou le Canada, elle déchaîne, ici, les passions. Surtout à un moment où une violence nouvelle, kalachnikov aidant, terrorise Marseille ou les banlieues parisiennes. Rien n’ébranle la foi de Christiane Taubira, qui, face au maire de Nice, hier, a répété son argumentation : dans la France d’aujourd’hui, plus de 80 000 peines ne sont pas exécutées dans l’année qui suit la condamnation prononcée par les juges. Loin d’être, dans son esprit, une façon d’élargir les délinquants plus vite que prévu, la contrainte pénale a le mérite d’être immédiate, et d’imposer immédiatement des contraintes et des obligations aux condamnés.
Reste que la garde des Sceaux n’a pas cherché une seconde le consensus : elle a été ce qu’elle est, séductrice par moments, pleine de gaité à d’autres, mais surtout considérablement sûre d’elle-même et de ses convictions. Combattante, certes, mais scindant les Français en deux camps plus antagonistes que jamais : ceux qui croient possibles la réinsertion et la rédemption, et ceux qui, au contraire, doutent de la possibilité de changer un délinquant en un futur honnête homme. Bien des interrogations demeurent, le bouton du poste tourné, sur les moyens nécessaires pour surveiller les assujettis à la contrainte pénale ou sur les délits qui la justifieront.
Au bout de ces deux heures trente d’émission, chacun s’en retournera vers ses certitudes. La droite continuera d’accuser la gauche de laxisme en matière de sécurité, la gauche fera valoir que les lois sécuritaires de la droite n’ont jamais réussi à ralentir ni les délits ni la récidive.
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Archives.
Toi aussi, fais comme Taubira et propose ton consensus sur la récidive !
Pas de repos pour les fiers soldats du progrès ! La Grande Prêtresse Taubira, 70 kg d’héroïne pure selon tous les socialistes de l’hémicycle, à peine remise des efforts inouïs pour faire passer sa loi sur le mariage homosexuel, se lance maintenant dans un nouveau chantier : faire de la prison en France un endroit moins austère, plus câlin. Et pour cela, la stupéfiante Garde des Sots vient d’ouvrir la Conférence de Consensus sur la Prévention de la Récidive…
Si la situation française n’était pas aussi mauvaise, on pourrait d’ailleurs pouffer sur le nom donné à cette nouvelle pantalonnade sociétale d’une gauche décidée à transformer la société à coups d’innovations hardies dans le fondement républicain : il faut avouer que lancer une « conférence de consensus », c’est un peu comme faire un débat de gens tous d’accords, c’est un concept particulièrement peu abrasif. Mais après tout, il faut bien ça dans une société qui se veut plus douce à porter, plus facile à laver, plus simple à essorer. Et pour essorer, les socialistes savent y faire. Comme Christiane n’aime pas les empoignades qui ne cadrent pas avec la France apaisée de son patron, on jouera sur du velours pardon du consensus.
Le débat pardon consensus est donc lancé, ce qui occasionne inévitablement une déferlante d’articles journalistiques tous plus humides les uns que les autres sur la question des prisons. Bien sûr, les habituels phares du socialisme à l’eau de rose ont été allumés et indiquent la direction à prendre : les rédactions du NouvelObs et de Libération frémissent déjà des dizaines d’articles et de billets d’opinion, de pensées philosophiques profondes et de commentaires longuement soupesés par des internautes affûtés comme du beurre chaud. Il n’aura pas fallu longtemps pour les sortir des archives ou des claviers enfiévrés des journalistes engagés.
On découvre ainsi, une larmichette micro-dosée coincée au creux de l’œil gauche, que certains pensionnaires de prison ont peur d’en sortir ; et à lire les descriptions rapportées par le journaliste, on les comprend. Medhi, 11 années de prison (ce n’est donc pas tout à fait un petit voleur), déclare ainsi :
on a perdu la notion de ce qu’est la vie en société. On ne sait plus lire un plan. On doit réapprendre la conduite. Pour choisir un portable, on est perdu tellement il y a de choix. Certains font un schéma de leur cellule pour la reproduire dans leur logement.
Terrible condition du prisonnier qu’on libère et qui est tout perdu sans ses quatre murs, avec ce délicat parfum de Shawshank Redemption que le pisse-copie n’hésite pas à nous glisser en fumet d’arrière-plan. Sauf que les prisons françaises ne sont pas tout à fait comme les prisons américaines du milieu du 20ème siècle, et que Medhi et ses 11 ans de taule aura bien du mal à passer pour un Tim Robbins ou un Morgan Freeman. Et puis surtout, ces fameuses prisons, il semble bien qu’elles ne servent pas des masses à en croire Nicole Maestracci qui répond ainsi aux questions attendrissantes de Libération :
« Aucune des études scientifiques disponibles n’établit de lien entre la sévérité de la peine et le risque de rechute. C’est plutôt le contenu de la sanction qui a un impact, c’est-à-dire la manière dont la personne est encadrée et accompagnée pour exécuter sa peine. »
Et il est vrai que si l’on est condamné à des peines (sévères ou non) mais qu’on ne les effectue finalement pas, comme dans plus de 80.000 cas en France tous les ans, on a effectivement plus de chance de récidiver : un voleur, un violeur, un tueur libre vole, viole et tue plus qu’un voleur, un violeur ou un tueur enfermé, indépendamment de toute autre considération humanistico-philosophique ; certes, dans le gros nombre précédent, une grosse moitié concerne des infractions routières, mais ça en laisse tout de même un paquet qui ne sont pas toutes anodines, loin s’en faut. D’autre part, si les études semblent en effet trouver une vague corrélation entre récidive et peines courtes, l’analyse un peu poussée tendrait à prouver qu’il vaudrait alors mieux … augmenter les longueurs des peines. Là encore, ce n’est ni bisou-compatible, ni ce que préconisent les participants de la Conférence du Consensus Triomphant.
En effet, au-delà d’un système de « probation » dont on renifle déjà qu’il sera fort éloigné des modèles canadiens ou scandinaves de référence tant le système judiciaire français se délite à vue d’œil, les propositions se cantonnent surtout à égrainer des idées déjà entendues et toutes basées sur l’antienne répétée de façon automatique du « Faut Plus De Moyens » : plus de moyens pour insérer les braves délinquants, plus de moyens pour trouver un emploi aux ex-détenus, plus de moyens pour suivre, encadrer,accompagner, aider et soigner ceux qui sont passés par la case prison.
Du côté de la rédaction du Monde, c’est une véritable volée de papiers qui nous sont proposés en rafale serrée. Outre un article qui est une variante sur celui de Libération (avec le même Medhi), on nous offre trois autres productions artisanales goûtues sur le thème « Supprimons la prison » : en substance, la prison n’est vraiment pas adaptée de nos jours, c’est franchement passéiste comme institution, et comme la récidive ne veut pas disparaître malgré les vagues de compréhension et toute la calinothérapie déployée, qu’il y a de toute façon bien trop de détenus (qu’ils fassent ou non leur peine, d’ailleurs), eh bien trouvons un moyen simple pour ne pas mettre les gens en prison !
Eh oui : il faut bien préparer les esprits au fait que non, décidément non, toute réflexion de fond sur la délinquance, sur la pertinence de certaines lois, sur le système judiciaire en général et sur l’application des peines en particuliers, tout ceci sera évacué au profit d’un débat dont les tenants et les aboutissants sont pour ainsi dire déjà déterminés (dans un grand Consensus, on vous le dit). Et cette préparation ne date pas d’hier. Taubira ne fait ici que continuer l’œuvre déjà entamée et vivement poursuite par d’autres avant elle.
Il suffit de se reporter à ce billet de 2010 pour voir que, par exemple, l’idée d’adapter le nombre de cellules au nombre de prisonniers a toujours été soigneusement repoussée. Et c’est logique : dans la belle pensée humaniste socialiste, ouvrir des prisons, c’est un peu fermer des écoles. Mieux vaut dès lors entasser les délinquants, ou ne pas les tenir à l’écart de la société en croisant les doigts pour que leurs récidives ne se voient pas.
Il suffit de relire ce billet de 2011 pour se rendre compte que la situation policière n’a finalement pas bougé d’un cachou : comme les prisons sont bondées, que les courtes peines ne sont pas appliquées pour de bon, on prendra tout le temps et même bien plus qu’il faut pour agir.
Il suffit de lire ou relire France Orange Mécanique pour comprendre que la tendance générale de minimisation des faits, des punitions, et du passage par pertes et profits des victimes et de leurs revendications reste obstinément la même depuis plusieurs décennies, avec le résultat général que certains, « au contact », constatent tous les jours.
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VIDÉO. Christiane Taubira est repartie à vélo du ministère de la Justice, après la passation de pouvoirs
POLITIQUE – C’était l’une de ses singularités. Le vélo jaune, que l’ancienne garde des Sceaux utilisait régulièrement pour se rendre sur son lieu de travail, à l’Élysée ou pour d’autres déplacements, l’attendait mercredi 27 janvier dans la cour du ministère de la Justice.
Après la passation de pouvoirs et son discours sur le perron devant les personnels de la Chancellerie et son successeur, Christiane Taubira a mis son casque et est repartie avec son moyen de transport favori, comme vous pouvez le voir sur la vidéo ci-dessous.
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L’ancienne ministre a quitté les lieux à bicyclette, comme elle avait l’habitude de le faire pour se rendre par exemple au Conseil des ministres, mais a cette fois été ralentie par une foule de journalistes, dont certains l’ont suivie à moto.
Dans sa dernière déclaration de patrimoine, Christiane Taubira avait précisé posséder quatre vélos de marques Décathlon, Peugeot, et Gitane, achetés respectivement 200 euros, 400 euros, 300 euros et 400 euros en 1996, 2005, 2009 et 2013.
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Hollande renonce à réviser la Constitution et donc à la déchéance de nationalité
« J’ai décidé de clore le débat constitutionnel », a déclaré le chef de l’Etat après une dernière réunion avec Claude Bartolone et Gérard Larcher, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Il s’exprimait à l’issue du conseil des ministres, une semaine après que le Sénat a voté un texte largement différent de celui de l’Assemblée nationale. Or pour éventuellement convoquer le Congrès, il aurait fallu que les deux chambres votent le texte dans les mêmes termes. « Je constate aujourd’hui que l’Assemblée nationale et le Sénat ne sont pas parvenus à s’accorder sur un même texte. Un compromis paraît hors d’atteinte sur la définition de la déchéance de nationalité », a estimé François Hollande.
S’il devenait évident que la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité ne pourrait voir le jour, la gauche espérait encore pouvoir sauver l’article 1 qui visait à introduire l’état d’urgence dans la Constitution. Pas question avaient répondu les responsables de la droite à l’Assemblée au Sénat. François Hollande tente donc de renvoyer la faute sur Les Républicains. « Je constate qu’une partie de l’opposition est hostile à toute réforme constitutionnelle. Je le déplore », a affirmé le chef de l’Etat.
Il ne pourra cependant pas éviter un examen de sa propre responsabilité. C’est avant tout son camp qu’il avait fracturé en improvisant cette réforme de la Constitution qui reprenait une mesure chère à la droite et à l’extrême-droite; elle avait notamment conduit au départ de sa ministre de la Justice Christiane Taubira.
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